10 000 chômeurs de plus : Muriel Pénicaud appelle les employeurs à «ouvrir leurs chakras»
A 8,6% contre 8,5% au trimestre précédent, la progression du taux de chômage relèverait de l’«arrondi» selon l’Insee et contredirait d'autres indicateurs de l’emploi plutôt positifs. C'est malgré tout un mauvais signal pour le gouvernement.
Le taux de chômage est en légère hausse au troisième trimestre 2019 (+0,1 point), après une baisse de 0,2 point le trimestre précédent. Il atteint désormais 8,6 % de la population active en France (hors Mayotte), selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Le nombre de chômeurs augmente de 10 000 personnes au cours du trimestre et s’établit à 2,5 millions. Le taux de chômage diminue cependant pour les jeunes (–0,2 point), en particulier les jeunes hommes (–0,4 point). Il est stable pour les personnes de 25 à 49 ans et quasi stable pour les 50 ans ou plus (+0,1 point).
Avec un million de personnes cherchant un emploi depuis au moins un an, le taux de chômage de longue durée demeure inchangé, par rapport au trimestre précédent, à 3,4 % de la population active. Il est toutefois en légère diminution par rapport à l’année précédente.
«Le taux de chômage est sur un palier ce trimestre», a reconnu ce 14 novembre la ministre du Travail, Muriel Pénicaud au micro de la radio Europe 1 dont elle était l’invitée. «Mais il faut garder la vision à long terme», a-t-elle souligné, évoquant une «dynamique» de création d'emplois «très forte, avec plus de 260 000 emplois créés depuis un an».
Les statisticiens sont surpris
Cette hausse du chômage entre juillet et septembre surprend dans la mesure où les autres indicateurs du trimestre sont restés au vert : 54 300 nouveaux emplois, hausse de 2,3% des déclarations d'embauche et baisse de 0,4% du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (n’ayant pas travaillé du tout) à Pôle emploi. Mais pour le calcul du taux de chômage l’Insee utilise les critères du Bureau international du Travail (BIT).
Entre un et deux millions de travailleurs pauvres en #France 🇫🇷 selon l’#Observatoire des inégalités#TravailleursPauvres
— RT France (@RTenfrancais) 17 mai 2019
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«On s'attendait à une légère baisse de 0,1 point», reconnaît Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l'Insee cité par l’AFP. Il évoque «une hausse très limitée [car] 10 000 chômeurs ne représentent que 0,03 point de la population active» et explique que «c'est l'arrondi qui fait qu'on passe de 8,5 à 8,6%». Mais selon le chef statisticien en charge de l’emploi à l’Insee, cette hausse «ne semble pas remettre en cause la tendance générale d'une baisse de 0,5 point par an depuis la mi-2015». A l’époque, il avait atteint un pic de 10,5%.
Il faut aussi que les employeurs ouvrent leurs chakras, qu'ils embauchent les seniors, les personnes en situation de handicap, les jeunes des quartiers
Toutefois, cette très légère augmentation du chômage à l’automne 2019, après 16 trimestres consécutifs de baisse peut préoccuper le gouvernement qui a fait du recul du taux de chômage à 7% en 2022 un des principaux objectifs du quinquennat. En effet, la moyenne de réduction observée depuis la mi-2015 rend cet objectif théoriquement accessible.
«On en a encore sous le pied»
Mais elle intègre l’exceptionnelle année de croissance en 2017 (+2,6%) où le chômage avait diminué d’un point. Et même en 2018, alors qu’elle s’était nettement tassée avec des effets immédiats sur le rythme de la réduction du taux de chômage, elle atteignait encore 1,5%, alors que l’économie française ne progressera que de 1,3% en 2019.
La ministre du Travail s’est cependant dite convaincue «qu'on en a[vait] encore sous le pied», plaçant des espoirs dans la formation et les recrutements avant d’ajouter : «Il faut aussi que les employeurs ouvrent leurs chakras, qu'ils embauchent les seniors, les personnes en situation de handicap, les jeunes des quartiers. Il y a beaucoup de conformisme dans la manière de recruter.»